Christian Dugardeyn (aka DUGA – Genappe, 1963) est un artiste de l’émotion et de l’expression libre. Après un passage incontournable par les Beaux-Arts, il a pu s’émanciper des techniques artistiques enseignées et faire (re)parler ses émotions instinctives. Il peint et sculpte viscéralement, en état de régression, en marge des courants artistiques contemporains. Il donne libre cours à ses émotions au travers de différentes techniques, le dessin, la peinture et la sculpture restant ses médiums préférés. Les arts premiers, l’art africain, l’art océanien, l’art amérindien, l’art brut, l’art enfantin l’ont fortement marqué. Il y trouve ses racines.
Parmi les artistes contemporains, Basquiat, Combas et le mouvement de la figuration libre, Aléchinsky, Appel et le groupe Cobra, Picasso, Schiele et l’expressionnisme, Dubuffet et l’Art Brut, le Street Art… ont imprégné son travail. Un artiste ne peut rester dans son coin, isolé. Il doit s’ouvrir, remanier les influences du passé qui lui parlent. Chez Picasso, Basquiat et dans le Street Art, ce sont les déformations des personnages qui l’intéressent tout en gardant une certaine fidélité anatomique et une gestualité. Les écritures et graffitis du Street Art l’intéressent par la fluidité et la rapidité du geste ainsi que par l’explosion des couleurs. Tout est possible.
DUGA est obsédé par la représentation de la figure humaine (tant en dessin, en peinture qu’en sculpture), par les relations et les conflits humains, les difficultés que notre civilisation traverse. Il éprouve le besoin de redémarrer à zéro, à partir d’un stade primitif, d’une simplicité violente et enfantine de l’expression, de revenir aux sources de l’homme et de faire abstraction des connaissances artistiques actuelles. C’est un retour aux arts premiers et à l’expression brute, simple qu’il propose.
« Brut, violent, instinctif, primitif, urgent, vital » tels sont les mots qui pourraient définir la seule démarche de son travail. Il refuse l’intellectualisme de l’art contemporain au profit de la simplicité, de l’instinctif, du primitif. Il propose une confrontation directe avec la nature, une quête des origines dans ce monde où nos valeurs se perdent.
Parmi ses différents moyens d’expression, c’est la peinture et le travail du bois qui se sont imposés. Il aime faire violence à son support au moyen du pinceau, du couteau, du ciseau à bois, de la hache, de la tronçonneuse. Il le mutile, le violente, l’agresse puis le caresse, se l’approprie, se fait doux avec lui, ne fait plus qu’un avec lui, lui transmet son émotion, ses énergies, sa force vitale.
Tous les personnages qu’il représente nous renvoient à nous-mêmes comme des miroirs, nous projettent au plus profond de nous pour faire ressortir nos émotions primitives et nous invitent à nous interroger sur nous-mêmes et sur la civilisation dans laquelle nous vivons, prise en défaut par les évènements qui nous entourent : attentats, immigration, identité, guerres civiles et fanatisme religieux…
C’est là le véritable rôle de l’artiste. Un jeu de regard, de rôle, de réflexion. Qui sommes-nous ? D’où venons-nous, où allons-nous ? Méritons-nous ce qui nous arrive ?